Eustella Peter Bhalalusesa

La Vision 2025 de développement de la Tanzanie prévoit entre autre l’élimination totale de l’analphabétisme. Pour y parvenir, on a choisi la méthode REFLECT. Cet article se penche sur un projet pilote intitulé «Éducation de base au niveau communautaire (Community Level Basic Education – CLBE), que l’association Action Aid Tanzania (AA Tz)1 a mis en place dans deux communautés rurales démunies en employant la méthode REFLECT. Les descriptions et conclusions présentées dans cet article reposent sur une enquête destinée à évaluer l’impact du projet d’éducation de base au niveau communautaire au cours des quatre années sur lesquelles il s’est déroulé (de 1998 à 2002). Le Dr Eustella Bhalalusesa est maître de conférence au département d’éducation des adultes de la faculté d’éducation de l’université de Dar es-Salam en Tanzanie. Elle est actuellement aussi à la tête du département d’éducation des adultes et des services d’éducation permanente. Elle collabore étroitement avec des ONG et des agences gouvernementales opérant dans le domaine de l’éducation des adultes.

Vers un développement durable en Tanzanie grâce à la méthode REFLECT: principales tendances et leçons

Introduction

La Vision 2025 de développement de la Tanzanie vise une excellente qualité de la vie pour tous les Tanzaniens grâce, entre autres choses, à la réalisation de l’éducation primaire universelle et à l’éradication de l’analphabétisme. Dans ce contexte, l’éducation est un facteur stratégique pour changer les attitudes et créer une nation éduquée, disposant du savoir et des compétences pour résoudre les défis auxquels le développement la confrontent. La Vision souligne la nécessité de garantir que la science et la technique pénètrent à tous les niveaux de la société par l’intermédiaire de l’éducation des adultes et des campagnes publicitaires. Elle insiste en même temps sur le besoin d’une sensibilisation à leur mise en pratique pour la promotion et l’amélioration de la productivité, et la réduction de la vulnérabilité des gens à la pauvreté. Dans ce contexte, le ministère de l’Éducation et de la Culture a décidé d’adopter la méthode REFLECT, considérant qu’elle constitue l’approche adéquate pour fournir une éducation de base aux adultes du pays. Plusieurs programmes pilotes ont été lancés; ils ont déjà fourni des résultats positifs et nous ont aussi permis de tirer quelques leçons.

L’approche adoptée pour recueillir les renseignements pour l’évaluation reposait essentiellement sur un travail de synthèse et sur des visites des zones dans lesquelles se déroulait le projet. Le travail de synthèse comportait l’analyse détaillée de documents sur la création, la mise en service et les progrès généraux du projet. Le volet réalisé sur le terrain comprenait cinq visites approfondies des sites durant lesquelles furent menées des interviews en face-à-face et des discussions de groupes ciblées avec les éducateurs REFLECT, les participants aux cercles REFLECT, les fonctionnaires du district et les chefs des communautés. On procéda aussi à des interviews pour recueillir des informations auprès de fonctionnaires du ministère de l’Éducation et de la Culture (du service de l’Éducation des adultes). Les visites sur place fournirent l’occasion d’observer directement les cercles REFLECT et les activités menées.

Cet article commence tout d’abord par mettre en lumière les origines de la méthode REFLECT, avant de se pencher sur son évolution en Tanzanie. C’est sur cela que nous nous baserons pour décrire la mise en place du projet d’éducation de base au niveau communautaire. La troisième partie de l’article présente les principaux résultats et problèmes, et la dernière partie énumère des recommandations visant à améliorer la pratique.

L’origine de l’approche REFLECT

REFLECT est l’acronyme de «Regenerated Freirean Literacy through Empowering Community Techniques» (Alphabétisation freirienne régénérée par des techniques communautaires autonomisantes). Cette méthode repose sur la théorie de la conscientisation dont l’éducateur brésilien Paulo Freire fut le pionnier. Elle insiste sur l’importance du dialogue et de l’action, de l’accroissement de la sensibilisation, de la coopération et de l’autonomisation. Des apprenants adultes examinent les défis que pose le développement et cherchent les moyens d’y répondre. On se base sur ces questions pour les alphabétiser et leur enseigner le calcul. Les communautés sont également encouragées à faire usage de ces compétences pour générer des revenus et améliorer ainsi leurs moyens d’existence. Ce processus d’autonomisation donne l’occasion de discuter librement de n’importe quel sujet, y compris de questions délicates liées aux traditions culturelles. La tâche principale des animateurs consiste à entretenir le dialogue interactif.

La méthode REFLECT fut développée par Action Aid en 1993 et utilisée pour la première fois au Salvador (Amérique du Sud), au Bengladesh (Asie) et en Ouganda (Afrique). On l’emploie aujourd’hui dans plus de 60 pays pour s’attaquer à des problèmes dans les domaines suivants: agriculture, VIH/sida, résolution de conflits et construction de la paix.

Développement de l’approche REFLECT en Tanzanie

Juste après l’indépendance en 1961, le gouvernement adopta le Modèle d’éducation fondamentale dont le PNUD et l’UNESCO firent la promotion entre 1946 et 1964. L’éducation de base des adultes se limitait à l’acquisition de compétences en lecture et en écriture par autant d’apprenants que possible, sans toutefois tenir compte de leurs différents besoins, intérêts et traits caractéristiques. Au moment de l’indépendance, 85 % de la population (80 % des hommes et 98 % des femmes) ne savaient ni lire ni écrire (Nationalist Newspaper, 24 août 1967).

À la suite de la conférence de Téhéran qui s’était tenue en 1965, l’UNESCO lança conjointement avec le PNUD un programme expérimental d’alphabétisation fonctionnelle qui s’étendit de 1967 à 1972 et fut mis en place dans onze pays en voie de développement, y compris en Tanzanie, pour trouver les moyens les plus efficaces d’éliminer l’analphabétisme. Ce programme, une version modifiée du Modèle d’éducation fondamentale, partait du principe qu’il existait une corrélation positive entre l’alphabétisation et le développement socioéconomique.

Dans la pratique, l’alphabétisation fonctionnelle se bornait d’une manière générale à améliorer les qualifications professionnelles, et les aspects ayant trait au travail dans les programmes d’alphabétisation étaient liés à des questions prioritaires de la nation dans le domaine du développement socioéconomique. Les trois plans quinquennaux de développement de la Tanzanie (1961–1974) se consacrèrent par exemple largement à la productivité agricole, en particulier à la culture de rapport, sans tenir compte du fait que la majorité des gens était encore touchée par la pauvreté et vivait dans la misère. Les apprenants, essentiellement des femmes, se démotivèrent et abandonnèrent les cours.

En réponse à la conférence de Jomtien sur l’Éducation pour tous qui se tint en 1990 et à la suite des résultats des études menées au début des années 90 et de l’enquête nationale sur l’alphabétisation réalisée en 1992, qui révélaient que les activités d’éducation de base des adultes avaient pratiquement cessé, la Tanzanie se vit dans l’obligation de revoir l’approche de l’alphabétisation fonctionnelle. Le pays adopta le concept de l’UNESCO d’éducation de base des adultes pour répondre aux besoins de la population en la matière.2

Le gouvernement créa le projet d’éducation de base des adultes intégrée dans la communauté (ICBAE) en 1993 pour élargir l’accès à une éducation de base durable, destinée aux adultes et aux jeunes en rupture de scolarité. Il développa pour cela une approche communautaire axée sur l’apprenant. Quatre quartiers furent sélectionnés pour la phase pilote (Kiroka à Morogoro, Kishinda à Mwanza, Soni à Tanga et Sembeti à Kilimandjaro). Avec le soutien financier de la Banque africaine de développement (ADB), le projet d’éducation de base des adultes intégrée dans la communauté fut étendu à huit autres districts de Tanzanie: Masasi, Newala, Songea Rural, Tunduru, Nachingwea, Liwale, Biharamulo et Kigoma.

Reconnaissant l’impact positif de la méthode REFLECT dans d’autres pays, la Tanzanie décida de l’adopter en 1998 dans les régions pilotes où le projet d’éducation de base des adultes intégrée dans la communauté avait été mis en place. La même année, Action Aid Tanzania entreprit un programme à long terme d’éducation communautaire intitulé «Éducation de base au niveau communautaire (Community Level Basic Education – CLBE) dans deux districts ruraux (Kigoma Rural et Liwale) de Tanzanie. Ce projet, financé par le DFID (Département pour le développement international) se déroula sur quatre ans (de 1998 à 2002).

Le projet d’éducation de base au niveau communautaire (CLBE) et la mise en place de l’approche REFLECT

Le but du projet d’éducation de base au niveau communautaire (CLBE) était d’améliorer l’accès des pauvres à l’éducation de base en introduisant des initiatives d’éducation complémentaires et flexibles liées au système scolaire formel de Tanzanie. On s’attacha principalement à fournir des cours d’alphabétisation de base et une formation à des compétences fonctionnelles à des gens âgés de 15 à 50 ans, en accordant une importance toute particulière aux filles et aux femmes. Le projet était considéré comme un élément complémentaire contribuant à aborder les questions clés auxquelles le ministère de l’Éducation et de la Culture (MoEC) s’efforçait de s’attaquer au moyen du programme de développement du secteur de l’éducation (Ed-SDP).

L’approche REFLECT d’alphabétisation des adultes était l’un des éléments du projet d’éducation de base au niveau communautaire (CLBE) conçu comme un outil de développement visant à faciliter l’enseignement des «3 R» (reading,’riting,’rithmetic, une vieille tournure signifiant lecture, écriture, arithmétique – n.d.l.t.) et à permettre aux communautés de réaliser qu’elles étaient responsables de leur propre développement. Les cercles REFLECT étaient censés être les noyaux à partir desquels on identifierait et aborderait les problèmes des communautés villageoises. Ils devaient également donner l’occasion de discuter et d’apprendre des choses sur des questions pratiques, importantes dans la vie des gens.

Les cercles REFLECT se multiplièrent, ce qui fit augmenter le nombre de participants aux séances et accrût l’intérêt des fonctionnaires de l’Éducation. En décembre 2002, il existait environ 52 cercles REFLECT (14 dans la région de Makata et 38 dans celle d’Ilagala) avec 1324 apprenants et 64 animateurs comme l’indique le tableau ci-dessous.

Chaque cercle REFLECT était dirigé par un comité d’environ cinq personnes. Les membres se réunissaient au moins deux fois par semaine pendant à peu près deux heures. Certains cercles entreprirent des projets d’agriculture, de jardinage, de menuiserie, de fabrication de briques et d’élevage de chèvres à lait et de volaille en tant qu’activités génératrices de revenus.

Tableau 1: Nombre total d’apprenants adultes et d’animateurs des cercles REFLECT en décembre 2002

Région du projetApprenants Animateurs
 FemmesHommes
Total
FemmesHommes
Total
Makata (Liwale)115126
241
13
6
19
Ilagala (Kigoma) --
1283
1332
45
Total  13242638
64

Des efforts furent faits pour inciter les groupes à aller plus loin et à approfondir les questions concernant la pauvreté.

Il arrivait que les cercles fournissent des conseils concernant les activités de la communauté. Par exemple, la vente des récoltes se passa mal une saison dans l’une des régions du projet (à Nambunju dans le district de Liwale), le cercle REFLECT suggéra de remettre la route menant au village en état. Les villageois se chargèrent d’effectuer le travail et purent vendre leurs récoltes du fait que des véhicules pouvaient accéder au village.

Ailleurs, les cercles REFLECT mobilisèrent les villageois pour nettoyer des puits. À Makata, ils donnèrent l’idée aux habitants d’utiliser des briques pour construire leurs maisons, ce qui ne s’était jamais fait auparavant, et le cercle vendit des matériaux pour leur fabrication.

L’approche REFLECT faisait appel à des animateurs bénévoles choisis dans une communauté parmi les hommes et les femmes sachant lire et écrire. Les animateurs du projet d’éducation de base au niveau communautaire (CLBE) recevaient des honoraires mensuels de 10 000 TSHS (soit 10 USD) d’ActionAid Tanzania. Les communautés étaient censées payer la même somme ou offrir un soutien en nature aux animateurs.

Récapitulation des réalisations du projet

Dans l’ensemble, la méthode REFLECT a permis d’obtenir des résultats positifs.

  • Les cercles REFLECT sont devenus le lieu central de discussion des problèmes de la communauté tels que l’eau, les routes, la fertilité des sols, la santé et le VIH/sida, l’agriculture et les facteurs de pauvreté.

  • Des activités génératrices de revenus furent créées à petite échelle. Elles donnèrent l’occasion d’examiner des actions collectives efficaces qui ne se seraient pas développées normalement dans les régions du projet pilote dont le style de vie se caractérisait par une tendance migratoire.

  • Les disparités entre les sexes diminuèrent entre les membres des projets REFLECT. Les familles apprirent à se partager les tâches et à faire des projets ensemble dans l’intérêt familial. Les femmes osent désormais bien plus prendre part à des réunions et parler en public. Elles sont maintenant en mesure de participer efficacement à des discussions, de lutter pour obtenir des positions de dirigeantes et de se faire entendre.

  • Les gens ont plus conscience des choses. Ils savent maintenant que les problèmes ne viennent pas de la volonté divine. Cette prise de conscience ne vient pas du fait qu’on leur a expliqué «comment sont les choses», elle est le fruit de leur expérience qui leur a permis de remettre en question la réalité de manière autonome. Un participant d’une des régions du projet s’est ainsi exprimé à ce sujet: «La méthode REFLECT nous a effectivement ouvert les yeux. Elle nous a fait changer d’attitude et a modifié notre manière de voir les choses. Nous savons maintenant que nous pouvons faire beaucoup de choses pour nous-mêmes au lieu d’attendre que le gouvernement se charge de tout à notre place.»

  • Les cercles REFLECT étaient les groupes les mieux organisés dans les villages et purent être utilisés pour procéder à la planification annuelle et à l’analyse des problèmes dans les communautés.

Les questions à résoudre

Le projet comportait des défis qui eurent parfois un impact négatif.

L’échelle des projets dans les cercles REFLECT: des activités de génération de revenus furent créées. Toutefois, elles étaient menées à trop petite échelle (ex.: le jardinage ou l’élevage de 15 poulets pour un groupe de 25 participants) pour avoir un impact sérieux sur la pauvreté. Si l’on veut que la méthode REFLECT, en tant qu’outil de développement, donne les résultats attendus, les participants doivent passer à de plus vastes projets. Cependant, ces derniers requièrent des investissements considérables et des animateurs qualifiés, bien documentés et qui aient l’esprit d’innovation. Ils doivent en outre être capables de diriger les participants dans l’analyse critique de leurs problèmes, d’identifier des projets viables et de rédiger des propositions de projets. Ces projets nécessitent un soutien permanent, tant du point de vue technique que matériel.

L’équilibre entre l’alphabétisation et les autres problèmes pressants des communautés: bien que la méthode REFLECT ait démontré la capacité d’aider des communautés à analyser, planifier et mettre en place des actions, les cercles REFLECT servirent plutôt de «forums sociaux ou communautaires» que de lieux d’alphabétisation. Les participants à ces cercles appréciaient la valeur de l’alphabétisation, mais ils avaient en même temps l’impression qu’elle ne résoudrait pas à elle seule les problèmes pressants. Ils jugèrent plus urgent d’apprendre à concevoir et à gérer de petits projets de génération de revenus. Ceci constitue un grand défi du fait que la Tanzanie doit améliorer de 50 % son taux d’alphabétisation (à savoir le faire passer de 68 à 84 %) pour atteindre d’ici 2015 les objectifs fixés par le Cadre d’action de Dakar sur l’éducation pour tous. Le fossé qui existait en 2000 est censé être réduit de moitié. La méthode REFLECT sous sa forme idéale a cependant pour objectif d’aider les participants à s’attaquer à des problèmes pratiques du développement, dont l’alphabétisation n’est probablement pas une priorité.

Acceptation et appropriation du projet par ses bénéficiaires (durabilité): en Tanzanie, l’expérience a montré qu’un grand nombre des projets financés par des donateurs s’arrêtent une fois que ceux-ci réduisent ou retirent leur soutien financier. Ce projet était communautaire, ce qui suppose que la communauté en était la détentrice. Néanmoins, les membres des communautés n’étaient pas certains d’être vraiment prêts à accepter et à assumer la responsabilité qui consistait à entretenir le programme. Utilisant ses fonds du DFID, ActionAid Tanzania offrit un soutien technique (ateliers de formation) et des appointements pour les animateurs – que les communautés locales n’auraient pas été en mesure de fournir. Les conseils des districts pourraient se charger à leur place d’assumer ces responsabilités, ce qui est toutefois également incertain du fait que dans le pays, les activités en matière d’éducation des adultes ont actuellement cessé et ne reçoivent que peu de soutien de la part du gouvernement.

Recommandations pour progresser

D’une manière générale, il pourrait sembler que la méthode REFLECT, si on la met en place de manière appropriée, soit un véhicule viable de développement durable. Grâce à son approche par le dialogue analytique, les gens apprennent non seulement à partager des idées, mais aussi à réaliser qu’ils peuvent faire beaucoup plus de choses pour et par eux-mêmes, aussi insurmontables que les problèmes auxquels ils sont confrontés puissent paraître. Cependant, la méthode REFLECT n’est pas facile à mettre en place. Certaines conditions doivent être réunies pour obtenir des résultats fructueux qui sont autant de bonnes leçons pour la Tanzanie dans ses efforts pour diffuser la méthode REFLECT sur tout le territoire du pays.

Mobilisation et soutien sociaux: la méthode REFLECT en est encore à ses débuts. En tant qu’approche nouvelle, elle implique un processus de mutation considérable ainsi qu’une nouvelle expérience éducative au sein du système d’enseignement. Sa bonne mise en place dépend d’un certain nombre de facteurs liés les uns aux autres: clarté de sa signification pour les utilisateurs potentiels, degré de difficulté pour les utilisateurs et analyse des conditions sociales et des activités planifiées ou pas et risquant d’avoir ou non une influence sur la productivité d’un changement donné, etc. Maintenant qu’ActionAid Tanzania a produit plusieurs documents en anglais et en kiswahili sur la mise en place de la méthode REFLECT en Tanzanie, le ministère de l’Éducation et de la Culture doit jouer un rôle plus proactif dans la mobilisation et le soutien sociaux.

Engagement politique et soutien gouvernemental: la méthode REFLECT exige des investissements considérables pour recruter du personnel compétent et une aide financière pour soutenir les projets de génération de revenus. Dans un monde où la réalité économique est rude et où les ressources sont insuffisantes, le gouvernement doit renouveler son engagement dans le secteur de l’éducation des adultes. S’il s’abstient, la philosophie bénéfique de la méthode REFLECT restera du domaine de la pure théorie.

Une approche holistique multisectorielle: l’éducation à elle seule n’est pas la panacée universelle. Les communautés démunies ont de nombreux problèmes qui sont liés les uns aux autres et exigent une approche multisectorielle. Le gouvernement et les intervenants intéressés doivent chercher d’autres sources de financement pour accroître les investissements dans toute une diversité de programmes se consacrant à d’autres aspects de la vie des gens comme, par exemple, le VIH/sida et les améliorations dans le secteur agricole. 

Des animateurs formés et qualifiés: la méthode REFLECT requiert des animateurs qualifiés, bien documentés et ayant l’esprit d’innovation. Malheureusement, les activités du secteur de l’éducation des adultes en Tanzanie continuent de reposer largement sur les épaules d’animateurs bénévoles sans formation et pour la plupart très peu éduqués ainsi que sur des instituteurs du primaire qui se sont révélés incapables de travailler avec des adultes. Le ministère de l’Éducation et de la Culture doit par conséquent collaborer avec ActionAid Tanzania pour améliorer le niveau des animateurs et praticiens en les formant à la méthode REFLECT, à l’identification, à l’élaboration et à la gestion de projets, et à des questions connexes comme le VIH/sida. La formation initiale devrait être suivie par des stages de formation continue organisés à intervalles réguliers et par des primes de motivation.

Mise en pratique de la méthode REFLECT en fonction du contexte: l’expérience accumulée dans les pays d’Asie pratiquant la méthode REFLECT de longue date indique que si l’alphabétisation est toujours un élément clé, les priorités diffèrent selon les contextes. Les modèles locaux peuvent être centrés sur l’alphabétisation en tant qu’outil d’autonomisation, sur l’action communautaire ou sur les droits de l’Homme. La Tanzanie doit tirer des enseignements de telles expériences, et l’approche REFLECT doit être modifiée pour s’adapter à la situation sociale, économique et politique des communautés tanzaniennes. Dans les endroits où règne encore un fort pourcentage d’analphabétisme, il est recommandé par exemple de mettre l’accent sur les «3 R» (reading,’riting,’rithmetic, une vieille tournure signifiant lecture, écriture, arithmétique – n.d.l.t.), alors qu’ailleurs il vaudra mieux adopter une approche REFLECT communautaire.

Partenariat et efforts pour collaborer: ActionAid Tanzania a clairement démontré que les ONG entreprennent de considérables efforts pour s’attaquer aux questions de développement telles que l’éducation. De part leur nature et leur mode opérationnel, elles collaborent très étroitement avec la population cible et ont un impact direct et immédiat sur les communautés. Dans le cadre de ce projet pilote, ActionAid Tanzania a pu pénétrer dans des régions lointaines et isolées du pays où le gouvernement n’offre ni l’éducation de base ni les services sociaux qui seraient nécessaires. Cependant, les ONG sont parfois considérées à tort comme opérant au sein d’un système parallèle. Il est par conséquent urgent que le gouvernement reconnaisse le rôle qu’elles jouent là où elles font avancer le développement, qu’il les coordonne et qu’il travaille en partenariat avec elles.

Notes

1  ActionAid est une organisation internationale non gouvernementale de développement qui opère dans des communautés démunies de plus de 30 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Son objectif: éradiquer la pauvreté et ses causes.
2  Les besoins en éducation de base comprennent non seulement des outils essentiels (comme l’alphabétisation, l’expression orale, l’apprentissage du calcul et la résolution de problèmes), mais aussi des contenus d’éducation de base (comme les connaissances, les compétences, les valeurs et les attitudes) requis pour que les gens puissent survivre, améliorer leur existence, prendre des décisions en toute connaissance de cause et continuer à apprendre.

PARAMÈTRES DES COOKIES
VOUS ETES SUR LE POINT DE QUITTER LE SITE DE DVV INTERNATIONAL
Remarque importante : Si vous cliquez sur ce lien, vous quitterez le site web de DVV International. DVV International ne s'approprie pas les sites web de tiers accessibles par des liens et n'est pas responsable de leur contenu. DVV International n'a aucune influence sur les données personnelles qui sont traitées sur ces sites. Pour plus d'informations, veuillez-vous référer à la politique de confidentialité du propriétaire du site web externe.