C. John Rose

L'article suivant de la Rural Organisation for Awareness and Development (Organisation rurale pour la sensibilisation et le développement ­ ROAD) nous a été envoyé par la PRIA (Society for Participatory Research), notre partenaire en Inde. ROAD, un partenaire de la PRIA, est une organisation de la société civile implantée dans le district de Kanyakumari (État du Tamil Nadu), une région de l'extrême sud-est de l'Inde particulièrement touchée par la catastrophe. Avec le soutien de la PRIA, elle contribue à la reconstruction en fournissant principalement un soutien médical et en aidant à l'approvisionnement en denrées alimentaires. C. John Rose, directeur de cette organisation, rend compte de ces activités.

Solidarité avec les victimes du tsunami sur le littoral du district de Kanyakumari

Mobiliser la société civile

Jour un: 26 décembre

Quand le tsunami frappa les côtes de Colachel dans le district de Kanyakumari le 26 décembre 2004, monsieur Saleel Kumar, responsable du projet ROAD, se trouvait en visite dans la région. Il loua le taxi d'un chauffeur complaisant et évacua environ trente personnes du village de Kottilpadu. En outre, il évacua également une quinzaine de blessés qu'il transporta dans des hôpitaux à proximité avant de rejoindre une équipe de jeunes pour enlever des cadavres.

Quand la nouvelle du tsunami parvint au bureau de ROAD, une équipe se rendit à Colachel pour évaluer les besoins sur place. Elle aida des survivants à se rendre dans des camps provisoires. ROAD constitua des équipes d'amis chargés de rendre visite aux personnes défavorisées et de leur redonner confiance et courage. L'organisation rassembla des colis de nourriture préparés par ses groupes d'entraide et les membres du Youth Club, et les distribua aux gens dans trois camps. Pendant plusieurs jours d'affilée, les groupes d'entraide et les membres du Youth Club firent la collecte de vêtements et de riz qu'ils distribuèrent par la suite aux victimes de la catastrophe.

La solidarité de la PRIA (Society for Participatory Research in Asia ­ Société pour la recherche participative en Asie)

Le Dr Rajesh Tandon (président de la PRIA, New Delhi) fit parvenir un message de solidarité à ROAD et encouragea les efforts entrepris dans les zones sinistrées. Il écrivit aussi aux amis de la PRIA, décrivant l'ampleur de la destruction causée par le tsunami, et demanda à ses partenaires de fournir une aide humanitaire. Les secours envoyés par ROAD à Kanyakumari furent particulièrement mentionnés dans cette missive. Avec l'aide de la PRIA et le soutien reçu au niveau local, l'équipe de ROAD distribua des ustensiles de cuisine aux familles touchées par le tsunami dans la région de Colachel pour leur permettre de préparer le riz/les céréales données par le gouvernement et les ONG. Dans cette région se trouvent les panchayats de Muttom et de Simon Colony où ROAD entretient des programmes en collaboration avec la PRIA depuis 1999. Ces panchayats se situent au sein de la circonscription de Kurunthancode (cf: PRIA Annual Report 2003 ­ 2004, p. 11). La municipalité de Colachel, où ROAD opère depuis 2002, se trouve entre ces deux panchayats. Le tsunami y avait coûté des vies humaines et occasionné des ravages matériels, ce qui provoqua l'intervention immédiate de ROAD.

Conjointement avec les membres de ses groupes d'entraide, le Youth Club et une équipe d'étudiants de la Rai University (Mumbai Centre), ROAD entamèrent le déblaiement des agglomérations côtières.

Les secours fournis par ROAD consistèrent aussi à s'occuper des survivants qui persistaient à demeurer à proximité de ce qui avait été leurs maisons avant la catastrophe. Ces gens indiquèrent les endroits où leurs possessions étaient enfouies sous les décombres. L'équipe de secours se chargea de les déblayer et d'en sortir ce qu'elle pouvait: boîtes, récipients, meubles, etc. Une fois les terrains dégagés, les gens purent se mouvoir dans des espaces où il leur était possible de s'asseoir, de faire la cuisine et de s'allonger. Des liens se créèrent entre les équipes de secours et les survivants que ROAD aida à se recréer une existence.

Les étudiants de la Rai University

Dans ces circonstances, l'équipe composée de dix-sept étudiants des deux sexes de la Rai University (Mumbai Centre) fut une bénédiction. Au point de vue matériel, l'association avec cette équipe permit à ROAD d'entamer une thérapie pour les enfants que la tragique expérience du tsunami avait traumatisés et qui s'étaient repliés sur eux-mêmes. Les étudiants et l'équipe de ROAD se mirent à conseiller les femmes et les jeunes, et à consoler les blessés et les personnes affligées par la perte des leurs. Étant donné qu'ils ne parlaient pas tamoul, le principal de la National Matriculation School (dont le directeur de ROAD est le fondateur) ainsi qu'une équipe d'enseignants et des membres de ROAD se joignirent à eux pour leur permettre d'opérer sans être gênés par la barrière linguistique et de créer des rapports solides avec les bénéficiaires de leur aide.

Les secours organisèrent des séances de psychothérapie dans les camps provisoires installés par l'administration du district pour les survivants du tsunami, prodiguèrent des conseils aux femmes et aux jeunes, et rendirent visite aux blessés dans les hôpitaux. Pour les jeunes et les enfants, ils organisèrent aussi des activités sportives sur les plages afin de dissiper leur peur de la mer.

Garderies ­ les thalir solais

Alors que de nombreuses ONG nationales et internationales se consacraient à des activités d'aide et de reconstruction, ROAD s'attaqua à différents domaines où elle avait constaté des faiblesses. La protection des enfants en faisait partie. Les orphelins étaient pris en charge par des organismes gouvernementaux. Toutefois, les écoliers et les enfants installés dans les camps avaient besoin que l'on s'occupât d'eux. Par conséquent, ROAD mit sur pied deux garderies, appelées thalir solais en tamoul, une à Colachel (Maramadi) et une à Mel (ouest) Manakudi. Ces garderies, ouvertes depuis le 7 février, ont des effectifs de 157 enfants: 62 à Colachel et 95 à Manakudi.

Dans les deux thalir solais, les enfants disposent d'un espace où ils peuvent développer une dynamique psychosociale, étudier et interagir au sein d'un groupe. Le but est de leur permettre de se sortir de l'évènement traumatisant qu'ils ont vécu et de l'état dépressif dans lequel ils se trouvent, et de stimuler des activités créatives sur lesquelles ils pourront construire leur avenir. Dans ce contexte de soutien, on constate clairement la vulnérabilité des familles et l'on identifie de près leurs besoins avant de prendre d'autres mesures. Les deux thalir solais ont aidé l'équipe de ROAD à se consacrer directement à cent vingt familles directement touchées par la catastrophe et au même nombre de familles indirectement concernées. Les renseignements de ROAD sur la vulnérabilité sont très précis en raison des contacts personnels soutenus, bien que le nombre de personnes/familles bénéficiaires soit comparativement faible. Les thalir solais ont de nombreux besoins, partiellement comblés par l'aide qu'elles reçoivent au niveau local. Par exemple, OXFAM India a construit des toilettes pour la thalir solai de Manakudi.

Les TSUNAMI SHG

Durant les activités menées auprès des personnes touchées par le tsunami, ROAD s'aperçut que beaucoup de femmes et d'hommes avaient perdu leurs moyens d'existence et qu'ils se sentaient seuls. Par conséquent, ROAD les encouragea à se rassembler pour agir ensemble et contribuer collectivement à reconstruire leurs existences. Les gens de ce groupe commencèrent à réaliser qu'en se réunissant et en faisant des choses ensemble, ils pouvaient trouver des solutions aux problèmes qui s'étaient posés à eux après le tsunami. Ces actions collectives permirent aussi aux gens de s'assurer les avantages du système dont la mise en place avait été annoncée par le gouvernement. Au lieu de mettre sur pied une association séparée, ce groupe de victimes du tsunami qui appartenaient à différentes castes et croyances, décida de créer un groupe d'entraide qui fut baptisé TSUNAMI SHG of men, Colachel (GROUPE D'ENTRAIDE des hommes de Colachel POUR LES VICTIMES DU TSUNAMI). Sa première décision consista à organiser le 12 mars à Colachel une réunion publique à l'occasion de laquelle un scientifique expliqua ce qu'était un tsunami. Ces explications furent suivies d'une séance de prière dirigée conjointement par des prêtres hindous, musulmans et chrétiens. L'exposé du scientifique et la séance de prière avaient pour but d'interpeller la peur insaisissable et le désespoir qui s'étaient emparés des populations du littoral. Le groupe d'entraide des hommes de Colachel incita les femmes à passer à l'action. C'est ainsi que fut créé le TSUNAMI SHG of women, le GROUPE D'ENTRAIDE des femmes, qui prit la décision audacieuse de commercialiser du poisson en le vendant à des groupes d'entraide féminins à l'intérieur du pays. Les groupes d'entraide des hommes et des femmes de Colachel aident à faire fonctionner efficacement et de manière participative la thalir solai de leur municipalité. D'autres groupes d'entraide se créent dans les villages côtiers d'Azhikal et d'Enayam.

Les visiteurs

Les visiteurs suivants rencontrèrent l'équipe de ROAD ou se rendirent au bureau de l'organisation et dans les régions où se déroule son programme: M. Binoy Acharya (UNNATI, Ahmedabad), Mme Alana Officer (HANDICAP INTERNATIONAL, New Delhi), Mme Roopa (OXFAM), Mme Priya Anand (MURRAY CULSHAW CONSULTING, Bangalore), M. Pooran Chandra Pandey (VANI, New Delhi), M. Arjun (CARE India), l'équipe d'OXFAM et M. Prakash du Christian Mission Service. Leurs suggestions et leur compréhension du problème furent très utiles pour planifier et mettre en place nos programmes de protection des enfants et d'atténuation de la vulnérabilité des victimes du tsunami.

Participation de la société civile

L'approche de ROAD qui consistait à mobiliser la société civile pour faire face à la catastrophe causée par le tsunami fut bien accueillie. OXFAM India construisit deux toilettes pour la thalir solai de Manakudi. Deux groupes d'entraide de ROAD opérant à l'intérieur des terres fournirent de l'argent (500 roupies) et des nattes (dont le coût s'élevait à 450 roupies) pour la célébration des fêtes de Pâques dans cette thalir solai. Le Christian Mission Service (CMS), situé à Coonoor (The Nilgris) approuva la demande que ROAD avait formulée de fournir, dans les régions de Colachel et de Mela Manakudi, des outils de travail tels que des machines à coudre, des bicyclettes, etc. aux hommes et aux femmes (faisant partie des familles des enfants des thalir solais) qui les avaient perdus à cause du tsunami. Un groupe d'amis à Coimbatore, sous la direction d'un professeur universitaire, se présenta pour offrir des tenues vestimentaires aux enfants des thalir solais. Ces amis avaient collecté des tissus dans les usines textiles de Coimbatore.

Reconstruire les familles

Reconstruire les familles détruites par le tsunami dans les régions côtières est l'un des objectifs principaux de ROAD. Pour les survivants qui ont perdu les leurs, l'existence sans vie de famille est sombre. Les veuves et les veufs, mais aussi les orphelins, ont commencé à ressentir ce besoin d'union familiale. Un certain nombre d'hommes et de femmes ont reçu des indemnités du gouvernement qui leur permettent de songer à se recréer une famille. Dans le même temps, selon la tradition locale, les veuves et les veuves qui ont survécu à la catastrophe ne peuvent se remarier qu'un an après le décès du conjoint ou d'un membre de la famille. Toutefois, d'autres hommes et femmes esseulés sont impatients de trouver un partenaire, mais ne disposent pas du soutien familial nécessaire pour en trouver un ou pour célébrer un mariage. Face à cette situation, l'équipe de ROAD essaye de réunir les survivants souhaitant recomposer leur cercle familial. Le premier homme à avoir approché ROAD pour cette raison est originaire de Colachel, et l'épouse trouvée pour lui vient de Manakudi (ouest). Les responsables des groupes d'entraide de ROAD se chargent de part et d'autre des négociations. L'union sera célébrée comme un évènement communautaire, sans les problèmes que peuvent occasionner la dot et autres dépenses superflues, et créera ainsi un modèle idéal de mariage et d'union familiale.

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