Entendant créer un nouvel élan pour l’alphabétisation des adultes, 60 participants de 24 pays se réunirent à Abuja, la capitale du Nigeria, en février 2007 à l’occasion d’un atelier organisé conjointement par ActionAid et le ministère nigérian de l’Éducation. Y participèrent des ministres de l’Éducation, des secrétaires d’État, des directeurs et ad-ministrateurs de programmes d’alphabétisation, des fonctionnaires des Nations unies, des bailleurs de fonds et des organisations de la société civile. Tous adhéraient à l’idée de «corriger les erreurs» dans le domaine de l’alphabétisation des adultes, provoquant un revirement de la situation par rapport aux décennies durant lesquelles les investissements dans ce secteur avaient été très maigres et transformant la politique et la pratique pour développer des programmes efficaces. Ils partagèrent leurs expériences sur ce qui fonctionnait dans l’alphabétisation des adultes, analysèrent d’un œil critique les 12 Points de référence internationaux pour l’alphabétisation des adultes et identifièrent un ensemble de priorités essentielles pour agir aux plans national et international. Le déroulement de l’atelier fut tout aussi important que ses résultats. Il puisa largement dans les méthodes Reflect employées dans des ateliers de formation et d’échange par des praticiens dans différentes régions du monde. Cet article passe en revue un certain nombre des méthodes qui furent utilisées pour susciter la participation active des 60 participants, en puisant dans leurs connaissances et leur expérience, en analysant les rapports de force et en les aidant à trouver un puissant consensus. Barbara Aliyu est assistante technique du bureau des OMD au Nigeria après l’avoir été chez ActionAid.
Les objectifs spécifiques de l’atelier consistaient à:
Les participants passèrent une journée à rendre visite à des programmes d’alphabétisation des adultes dans différentes localités rurales et périurbaines, à discuter avec des apprenants adultes, des animateurs et des coordinateurs de programmes du gouvernement et d’ONG. Ceci leur fournit la base pratique des discussions qu’ils menèrent ultérieurement.
Afin de poser la problématique des statistiques existantes en matière d’alphabétisation, chaque participant remplit une matrice géante incluant des informations actuelles du Rapport mondial de suivi sur l’EPT pour tous les pays présents. Il fut demandé aux participants de se pencher sur les statistiques de leurs pays, d’indiquer leur niveau de confiance en elles, d’estimer eux-mêmes ce qu’ils pensaient être les chiffres réels et d’indiquer les principaux groupes touchés par l’analphabétisme (ex.: les femmes, les populations rurales, les populations indigènes, certaines tranches d’âge, etc.). Cette séance révéla la nécessité de comprendre correctement la situation afin de cibler efficacement des programmes, car pour défendre le besoin d’investir dans l’alphabétisation, il est crucial de s’assurer que les gens connaissent toute l’ampleur du défi.
Les participants formèrent des groupes pour faire un ensemble de jeux de rôles. On chargea la moitié des participants de trouver des arguments en faveur de l’alphabétisation dans les situations suivantes:
Les autres participants préparèrent une argumentation contraire pour les cinq points ci-dessus, préparant des arguments qui pourraient être avancés par ce groupe contre l’alphabétisation.
Afin de faire reposer le débat sur des expériences réelles, un ensemble d’études de cas fut présenté. Elles portaient sur des programmes nationaux d’alphabétisation, notamment de Sierra Leone, du Ghana, du Nigeria, de Tanzanie et du Vietnam. Elles furent complétées par des présentations sur la Décennie des Nations unies pour l’alphabétisation, le programme LIFE (Initiative pour l’alphabétisation: savoir pour pouvoir), l’effet du Rapport mondial de suivi sur l’EPT, la Campagne mondiale pour l’éducation et Pamoja.
Les participants furent répartis en groupes dont chacun devait réaliser une représentation graphique se rapportant à un ou plusieurs Points de référence. Les groupes les passèrent ensuite en revue pour les examiner, discuter et enrichir les différentes représentations graphiques. Les questions et les réponses formulées lors des discussions furent inscrites sur un tableau à feuilles. Tous les groupes se penchèrent sur la pertinence de chacun des Points de référence dans leur contexte, se demandèrent si les offres actuelles y répondaient et réfléchirent à ce qu’il fallait changer si tel n’était pas le cas.
L’outil: les participants dessinèrent un arbre à problèmes. Les racines représentaient la lecture, l’écriture et le calcul, le tronc leur apprentissage et les fruits les résultats: citoyenneté active, santé améliorée, égalité des sexes, etc.
La tâche: les participants ajoutèrent des fruits et inscrivirent sur les branches des exemples pratiques illustrant les différents résultats auxquels conduisait l’alphabétisation.
L’outil: un diagramme chapatti fut produit, illustrant les liens entre les différents acteurs de l’alphabétisation des adultes aux niveaux national et local, y compris les ministères, les ONG, les organisations de la société civile (OSC), etc. L’importance de chaque acteur était représentée par sa taille sur le diagramme.
La tâche: le premier groupe réalisa une image complétée par les autres. Chaque participant produisit également un rapide chapatti de la situation actuelle dans son pays et de la situation idéale.
L’outil: une matrice fut développée, avec des rangées représentant les différents résultats des programmes d’alphabétisation mis en relief dans les Points de référence (égalité des sexes, citoyenneté active, amélioration des moyens d’existence, amélioration de la santé, VIH/SIDA, etc.). Chacun d’eux fut ensuite analysé au moyen de colonnes dans lesquelles furent identifiés des indicateurs, des questions servant à recueillir des informations de base; des moyens de vérification; des questions concernant la surveillance/l’évaluation; les acteurs impliqués; des idées pour mener des recherches stratégiques.
La tâche: chaque groupe consolida la matrice du premier groupe, examinant ce que les autres avaient fait et, en prenant les différents résultats, complétèrent la matrice en fonction.
L’outil: un schéma corporel fut élaboré par le premier groupe pour représenter l’animateur idéal. La discussion porta sur la manière de réaliser cet idéal ou de s’en rapprocher. À cette carte vint s’ajouter une rivière figurant le parcours d’un animateur, son recrutement, sa formation initiale, etc., identifiant ainsi les moments clés, les obstacles et les influences extérieures.
La tâche: chaque groupe élabora un schéma et une rivière, ou les enrichit.
Visite sur le terrain pour les participants à l’atelier d’Abuja: cercle Reflect près d’Abuja Source: ActionAid
L’outil: un calendrier annuel et un emploi du temps quotidien furent produits pour une communauté fictive, illustrant les travaux typiques des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des plus pauvres, etc. À ceci s’ajouta un ordinogramme illustrant les différentes éta pes de la planification d’un programme d’alphabétisation et les personnes participant aux décisions durant chacune des phases.
La tâche: chaque groupe embellit les graphiques et discuta ensuite sur les défis qui se posent lorsqu’il faut choisir le moment et le lieu pour donner des cours d’alphabétisation.
L’outil: trois exercices de classification distincts furent élaborés autour des trois questions essentielles suivantes:
Qu’est-ce qui entretient la motivation des apprenants?
Qu’est-ce qui aide les apprenants à mieux apprendre?
Quels sont les facteurs permettant de maximiser les différents effets autonomisants du processus d’alphabétisation?
La tâche: le premier groupe élabora une liste initiale et un classement, et les groupes suivants y ajoutèrent des points et établirent leurs propres classements (se basant au départ sur un classement personnel, chaque participant disposait d’un nombre limité d’autocollants lui permettant d’indiquer sur chaque liste ses priorités).
L’outil: le premier groupe dessina une carte représentant une zone rurale reculée, partant de deux personnes (une femme et un homme), montrant leur foyer, puis s’étendant à leur village/à la ville du coin (avec différentes organisations clés, etc.)/à la grande ville/à la capitale.
La tâche: les participants firent un relevé des environnements alphabétisés typiques dans différentes sphères sur la carte. Qu’est-ce que les gens trouvent à lire/Quand les gens rencontrent-ils l’alphabétisation? En utilisant une autre couleur, ils firent ensuite le relevé des interventions stratégiques qui pourraient élargir l’environnement alphabétisé. Qu’est-ce qui serait le plus efficace pour cette femme/ cet homme? Quels sont les questions de pouvoir jouant ici un rôle?
Au sein de groupes nationaux ou sous-régionaux, les participants procédèrent aux activités suivantes:
Ils développèrent une stratégie d’ensemble pour nationaliser les Points de référence.
Ils énoncèrent comment utiliser les Points de référence internationaux comme points de départ pour un nouveau dialogue sur l’alphabétisation.
Ils indiquèrent quels seraient leurs groupes cibles/en faveur desquels ils plaideraient et qui seraient leurs alliés.
Ils expliquèrent comment ils aborderaient certains Points de référence, épineux dans leur contexte.
On demanda ensuite aux participants de dire comment ils joindraient leurs efforts pour agir dans le domaine de l’alphabétisation suite à l’atelier, à savoir pour
bien clarifier l’ampleur du défi
plaider en faveur d’un nouvel investissement
utiliser les Points de référence (en se basant sur les séances précédentes)
Ce qui suit est un résumé des résultats de ces séances.
Les participants latino-américains indiquèrent qu’ils nationaliseraient les Points de référence en procédant comme suit:
Mettre le vocabulaire au point, par exemple en utilisant le terme educador/a (éducateur/éducatrice) au lieu du mot animateur.
Présenter les Points de références à des réseaux nationaux et régionaux, et les distribuer à l’assemblée de la Campagne latinoaméricaine pour l’éducation.priorities and adapt the benchmarks to the national context;
Présenter les Points de référence aux gouvernements, parlements et ministres des finances après avoir débattu et développé des stratégies avec différents réseaux.
Diffuser/débattre/défendre les Points de référence durant la semaine mondiale d’action en avril.
Approfondir la discussion et le pluralisme dans le contexte du débat Yo Sí Puedo.
Réunir les dépositaires d’enjeux pour discuter de la difficulté que constitue l’absence d’information, à savoir de la nécessité d’obtenir des informations fiables et valables au point de vue quantitatif et qualitatif, et chercher des outils réalisables et acceptables.
Les participants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) indiquèrent qu’ils procéderaient de la manière suivante:
Présenter les Points de référence aux ministres de l’Éducation et aux directions générales de l’Alphabétisation des adultes de leurs pays respectifs.
Organiser des réunions consultatives entre des dépositaires d’enjeux qui conviennent pour leur permettre de présenter leurs propres priorités et d’adapter les Points de référence à la situation dans leurs différents pays.
Identifier des partenaires afin d’affecter des ressources en vue d’une mise en œuvre.
Cibler des dépositaires d’enjeux tels que les ministères des Finances ou autres ministères s’intéressant à l’alphabétisation.
Former des alliances avec des parlementaires, des bailleurs de fonds, des ONG et des universités réceptifs aux questions touchant à l’alphabétisation.
Les participants sud-africains projetèrent les mesures suivantes:
Les participants nigérians indiquèrent qu’ils procéderaient de la manière suivante:
Visite sur le terrain pour les participants à l’atelier d’Abuja: cercle Reflect près d’Abuja Source: ActionAid
Les participants mozambicains indiquèrent qu’ils procéderaient de la manière suivante:
Les participants est-africains (Éthiopie, Kenya, Tanzanie et Ouganda) indiquèrent qu’ils procéderaient de la manière suivante:
Les participants d’Asie (Bengladesh, Inde, Pakistan, Maldives, Vietnam) indiquèrent qu’ils procéderaient de la manière suivante: